Les Duteil, vignerons de l’Essonne (6)

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8 générations, depuis le XVIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle : Entrons chez les Duteil, une famille de vignerons à travers l’histoire.

Génération 6

Louis, dit Le jeune, nait le 15 décembre 1714. A la mort de son père, il a 16 ans. Son frère aîné vient juste de se marier et prend les rênes du petit vignoble familial. Bien évidemment Louis, habitué des vignes depuis son enfance, ne déroge pas à la tradition familiale et devient lui aussi vigneron.

Le 16 septembre 1738, il épouse Jeanne Mercier, la petite sœur d’Anne, l’épouse de son frère Claude. Ce genre de petits arrangements matrimoniaux est monnaie courante. Car Guillaume, le père des deux jeunes femmes est lui aussi vigneron, et il n’a pas de fils pour l’assister à la vigne. Ainsi, les terres des deux familles sont réunies et agrandies et leur exploitation est bien plus simple. 

Jeanne tombe très rapidement enceinte de leur premier enfant, mais celui-ci nait très, trop prématurément. Nous sommes en 1739 et bien évidemment, les couveuses sont une idée encore bien lointaine. Le petit garçon ne survivra pas assez longtemps pour être baptisé mais aura tout de même la chance d’être ondoyé à la naissance.

Inhumation de l’enfant Duteil – EDEPOT31 2E/5 – Archives départementales de l’Essonne

L’an 1739 le 19e jour de mars a été inhumé un garçon qui a été ondoyé au moment de la naissance, étant né avant terme, fils de Louis Duteil le jeune et de Jeanne Mercier sa femme demeurant à Verville de la paroisse. A l’inhumation ont assisté ledit père et Marie Angélique Boutri qui a déclaré ne savoir signer. Le père a signé avec nous Jean Arnou curé.

Toujours dans le souci d’éviter à l’enfant de passer son éternité dans les limbes après sa mort, l’ondoiement est un baptême d’urgence. Administré par un laïc, comme la sage-femme par exemple, ou un ecclésiastique, il est donné au nouveau-né en danger de mort imminent, et qui risque de ne pas vivre jusqu’au baptême. Parfois, l’enfant semble malheureusement déjà décédé au moment de la délivrance. On guette alors tout signe de vie, même le plus faible des tressaillements, qui pourrait laisser penser qu’il n’est pas encore passé dans l’au delà et permettre ainsi l’ondoiement. Et si l’enfant survit malgré tout, il sera par la suite baptisé « sous condition » par le curé, ce qui signifie à la condition que le baptême administré à la maison n’ait pas été fait dans les règles. Car un baptême ne peut être reçu qu’une seule fois.

Miracle de l’enfant ressuscité par saint Maxime – Patritti, 1846, cathédrale de Riez

En ce qui concerne notre petit garçon, l’accouchement n’aura malheureusement pas été fatal seulement pour lui mais aussi pour sa mère qui le rejoindra dans la tombe moins de 15 jours plus tard. Louis se retrouve alors veuf avant même d’avoir fêté son premier anniversaire de mariage.

4 ans plus tard, à 28 ans, il se marie à nouveau, avec une fille de vigneron qui se nomme Elisabeth Chauve. La jeune femme met au monde leur premier enfant l’année suivante mais, encore une fois, le sort s’acharne sur mon ancêtre : l’enfant et la mère décèdent 3 mois plus tard à quelques jours d’intervalle. 

Inhumation de Anne Elisabeth Chauve – EDEPOT31 2E/5 Archives départementales de l’Essonne

L’an 1744 le 3e jour de février a été inhumée dans le cimetière de cette paroisse Anne Elisabeth Chauve décédée du jour précédent âgée de vingt-quatre ans, femme de Louis Duteil le jeune vigneron demeurant à Verville de cette paroisse. A ladite inhumation ont assisté ledit mari et Claude Chauve cousin qui ont signé avec nous Jean Arnou curé.

Louis attendra quelques années avant de convoler à nouveau. Cette fois, il jette son dévolu sur Jeanne Françoise Debret. La jeune femme de 6 ans sa cadette est originaire de Bruyère le Châtel, un village situé à moins de 2 kilomètres de Verville. Son père, Jacques, n’est pas vigneron mais tailleur d’habits. 

Si les noces ont été célébrées dans le village de la mariée, le jeune couple s’installe ensuite à Verville au milieu des vignes de la famille. Ce troisième mariage sera plus heureux pour notre vigneron, car son épouse lui donnera 8 enfants entre 1746 et 1759 : Marie Jeanne, Anne Charlotte, Jacques Louis, Jean Louis, Jeanne Marguerite, un enfant sans nom, Marie Claude, et enfin Marie Julienne. Jacques Louis décèdera à seulement 3 mois, et le petit garçon sans nom, né avant terme, aura tout juste le temps d’être ondoyé par la sage-femme avant de mourir. Cette fois encore, il semble que l’on ai cherché un tout petit souffle de vie dans le corps de cet enfant vraisemblablement déjà mort à la naissance pour pouvoir lui ouvrir les portes du paradis, l’autoriser à reposer dans le cimetière et alléger un peu le coeur de ses parents…

Inhumation de l’enfant sans nom – EDEPOT31 2E/5 Archives départementales de l’Essonne

L’an 1753 le 20e jour d’octobre a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse un enfant mâle né avant terme et mort peu après la naissance après avoir été ondoyé par Marie Anne Garron maitresse sage-femme à Briis comme elle nous l’a certifié. Ledit enfant fils de Louis Duteil le jeune et de Jeanne Françoise Debret sa femme. A l’inhumation ont assisté ledit père et Joseph François Brehier qui ont signé avec nous Jean Arnou curé.

Les 5 filles de Louis épouseront des vignerons. Jeanne Françoise, leu mère, assistera au mariage des trois premières avant de décéder en 1776, à 56 ans. Louis en revanche sera présent aux mariages de ses 6 enfants et fera la connaissance de ses 29 petits-enfants avant de quitter notre monde en 1792, à 84 ans, un âge plus qu’honorable pour l’époque. Il semble que malgré leurs mariages, ses filles sont restées très proches de lui car le jour de son enterrement, Jean Louis Durand, Claude Bailli, Jean Marc Pontabrier, Simon Delorme et André Hateau, ses 5 gendres, sont présents pour lui rendre un dernier hommage.

Inhumation de Louis en présence de ses 5 gendres – 4E/1504 Archives départementales de l’Essonne

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